Huit mois à poursuivre un mirage

Depuis plusieurs semaines, je sentais la pression monter.

Je venais d’investir huit mois, à fond, dans un blog, dans les logiciels qui me permettent d’en produire le contenu ou de le promouvoir, ainsi que dans un nouvel ordi.

Marié, graphiste à temps plein. Salaire modeste, envie de reconversion qui me travaille depuis longtemps. Mais reprendre des études m’a toujours rebuté : après des journées épuisantes, je n’ai plus l’énergie. À temps plein, c’est impensable : traites et factures à payer.

Au début de l’année 2025, j’avais le choix : soit suivre une formation en ligne sur mon temps libre et entamer une nouvelle carrière en partant de zéro, soit opérer une transition plus naturelle entre mon emploi et la gestion d’un blog commercial, avec l’espoir de gagner rapidement un revenu complémentaire.

J’ai fait le deuxième choix.

Démarré avec beaucoup d’enthousiasme, ce projet a dévoré tout mon temps libre. À plusieurs reprises, j’ai dit à mon épouse que j’allais bientôt gagner un peu plus. Il me fallait d’abord trois mois pour construire une base, puis quatre, puis cinq. Ça y est, je mettais des liens d’affiliation et j’avais enfin publié un ebook, le premier d’une série.

Je ne gagnais toujours rien, et la pression continuait de monter. Six mois, puis sept. Avec mon emploi principal, cela signifiait 10 à 14 heures par jour, week-ends compris. Mon activité annexe était devenue une roue de hamster.

Les recherches entreprises pour mes articles me donnaient une image de plus en plus claire de la scène du blogging. L’introduction des réponses d’IA par Google avait changé la donne. Je le constatais dans mes habitudes personnelles : je me servais de l’IA pour tout et je ne visitais quasiment plus aucun blog. Certaines stratégies permettaient en théorie de s’adapter à cette évolution, mais elles restaient limitées. Et l’introduction récente d’Atlas par OpenAI confirmait mon impression. L’avenir pointait vers une intégration toujours plus étroite entre les consommateurs et l’IA, dans un cadre où l’IA deviendrait l’interlocuteur unique.

Sans Google, presque tout repose sur les réseaux sociaux. Mais je n’arrivais pas à dégager le temps nécessaire pour promouvoir mon blog. Les recommandations parlaient de 80 % de promotion pour 20 % de production d’articles, à raison d’un article par semaine. J’arrivais à peine à faire l’inverse.

Mes recherches indiquaient aussi qu’en moyenne il faut deux ans pour qu’un blog génère un revenu, même modeste, et le double pour atteindre un revenu à temps plein. Sans aucune garantie. Pire, ces chiffres datent de 2024 et n’intègrent pas encore les contraintes introduites par Google.

C’est un point important : le blogging commercial est une entreprise spéculative où la principale ressource est le temps investi. Et investir quatre ans ou plus avant d’atteindre un salaire peut se concevoir à vingt ans, mais pas à mon âge.

Changement de cap

Imaginez entreprendre plutôt des études pendant deux ans, avec un diplôme à la clé. Pour peu que la profession soit raisonnablement rémunérée, vous pouvez obtenir un salaire annuel d’environ 70 000 $, voire plus… Quelles sont les chances d’obtenir un tel revenu en ligne après deux années ?

La semaine dernière, j’ai donc décidé d’arrêter les frais et j’ai commencé de nouvelles études en SST.

Repenser ce blog

Cela-dit, j’aime bloguer et je ne m’arrête pas là. Ces huit mois m’ont beaucoup apporté. J’en retire des compétences qui me servent au quotidien, mais je n’ai plus à me soucier de l’aspect commercial. Si je finis par gagner un peu d’argent grâce à ce blog, tant mieux. Je n’en serai simplement plus l’esclave. Je continuerai à écrire à mon rythme, sans me limiter à une niche.

Au bout du compte, je me sens soulagé. La pression est retombée. Bloguer, c’est bien, mais courir après le mirage de la réussite et de l’indépendance financière peut mener à une impasse, au prix de beaucoup de temps perdu.

JD

N.B. Une partie du contenu de ce site reflète encore mon ancienne quête de revenus en ligne. Je vais reprendre chaque article pour le réviser ou le retirer, afin que ce site corresponde à mes convictions actuelles.